Le guide pour débutants en musique contemporaine |
par Luke Muehlhauser
« Je n'ai jamais aimé la musique jazz parce que la musique jazz ne se résout pas. Mais un soir j'étais à l'extérieur du Bagdad Theatre à Portland et j'ai vu un homme jouer du saxophone. Je suis resté là pendant un quart d’heure sans qu'il ouvre jamais les yeux.
Après cela, j'ai aimé la musique de jazz.
Parfois, vous devez regarder quelqu'un aimer quelque chose avant de pouvoir l'aimer vous-même. C'est comme s'ils vous montraient le chemin. «
Donald Miller
En route pour une virée en mer, sur le siège arrière d'une camionnette, je balançais tellement la tête que mes écouteurs ont presque décollé. Mes amis m’ont regardé avec amusement. Après un dernier crescendo qu’ils n’entendaient pas, je me suis affalé sur mon siège, les yeux fermés et j'ai laissé échapper un «Bon Dieu, c’est génial» post-orgasmique.
«Qu'est-ce que tu écoutais donc, Luke? Metallica ou quoi ? "
«Non mec, Harmonielehre
. Une symphonie écrite en 1985 par John Adams. C'est juste l'un de mes morceaux de musique préférés. »Ca peut paraître snob, mais c'est sorti comme ça. Lorsque vous aimez quelque chose, vous voulez le partager.
Le problème est que je n’ai jamais trouvé le bon moyen pour partager mon amour de la musique classique moderne avec les autres. Je pourrais les renvoyer vers l'audioguide d'Alex Ross The Rest is Noise: Listening to the Twentieth Century, mais ce qui a été composé d'après 1960 est très limité, et cela ne commence pas par les sélections les plus accessibles et les plus faciles à écouter. Bartok is Dead a une collection de clips bien organisée quoique limitée , mais le site ne vous tient pas la main tout au long de ce voyage. Contemporary classical: a primer d’Anne Midgette offre une bonne amorce mais bien trop courte. Le guide de la musique classique contemporaine du Guardian est bien, mais il est organisé par (le) compositeur et ne vous guide pas vers les oeuvres les plus accessibles. Comment écouter et comprendre la grande musique se termine avec Arnold Schönberg, décédé en 1951.
Donc je suppose que je vais devoir écrire un guide pour débutants sur la musique classique moderne.
Remarque: ce guide propose des liens vers de nombreuses musiques sur YouTube ou Spotify: là où la musique est disponible. Pour la lecture, je vous recommande d'ouvrir ces liens dans un nouvel onglet (Ctrl + clic ou Cmd + clic sur Mac) pour écouter un peu la musique avant de continuer à lire.
Comment je suis tombé sous le charme |
Ceci est mon histoire personnelle sur la façon dont je suis tombé amoureux de la musique classique moderne. N'hésitez pas à le sauter.
Enfant d'un pasteur du Minnesota, j'ai grandi en écoutant de la musique chrétienne contemporaine comme The Newsboys («God is Not a Secret
») et Carman («Satan, Bite the Dust »). Le genre est enraciné dans la musique pop de Nashville, donc ce n'est pas exactement la musique la plus créative du monde.À 14 ans, je suis allé en Angleterre pour un voyage missionnaire. Mes parents n'aimaient pas que j'écoute de la «musique profane», mais en Angleterre, j'étais bien hors de leur contrôle. Mon ami Austin m'a prêté son lecteur de CD afin que je puisse écouter "Orion" de Metallica, un morceau instrumental de 8 minutes conçu avec tout le soin d'une fugue de Bach, pièce maîtresse de ce que de nombreux critiques appellent le plus grand album de métal de tous les temps. Tout d'un coup, j'ai réalisé que je passais à coté d’énormément de musiques intelligentes et puissantes sur le plan émotionnel.
A partir de ce moment là, j'étais mordu. Via Metallica, j'ai découvert Dream Theater, dont le prog-metal néoclassique était encore plus sophistiqué que les premiers albums de Metallica. Via Dream Theater, j'ai découvert les premiers prog-rock comme King Crimson ("Talk to the Wind") et Pink Floyd ("A Saucerful of Secrets ").
Mes goûts ont explosé dans toutes les directions. J'ai trouvé des listes de «meilleurs albums» et écouté tous les albums, de tous les genres. J'ai parcouru AllMusic.com et écouté les choix des éditeurs de tous les genres que je pouvais trouver, passant d'un artiste à un autre. Une grande partie de ces références pouvait être trouvée en ligne. J'ai emprunté 20 CD à la fois dans ma bibliothèque, profitant pleinement du fait que toutes les bibliothèques publiques du Minnesota appartenaient à un système de prêt entre bibliothèques gratuit à l'échelle de l'État. Durant un an, plus de 80% des demandes de prêt entre bibliothèques de ma bibliothèque locale m'étaient destinées.
Le tournant, je suppose, a été lorsque j'ai découvert le site Web de Piero Scaruffi, que le New York Times a décrit plus tard dans un article intitulé Le plus grand site Web de tous les temps.
Scaruffi fait beaucoup de choses, mais il est surtout connu pour ses écrits sur la musique. Il a grandi en écoutant de la musique classique, pas de la musique pop et rock. Il se décrit comme un historien intellectuel, pas un «fan». Ainsi, ses classements d'albums et ses histoires musicales se concentrent sur la musique qui a apporté une contribution unique à l'histoire des idées (musicales), pratiquement sans corrélation avec les ventes ou la popularité. Sa liste des meilleurs albums de rock comprend The Doors et Astral Weeks mais aussi Trout Mask Replica, Faust et Twin Infinitives. Sa liste des meilleurs albums de jazz inclut Black Saint et Sinner Lady et Kind of Blue, mais aussi Atlantis, Descent into the Maelstrom et Escalator Over the Hill. Sa liste de chefs-d'œuvre classiques cite des œuvres de Bach, Mozart et Stravinsky, mais aussi de nombreuses œuvres de Zorn, Galas, Takemitsu, Balakauskas et Borboudakis.
J'ai décidé de lire l'histoire complète de la musique rock de Scaruffi et d'écouter tous les albums que je pouvais trouver. Ensuite, j'ai fait de même avec son histoire de la musique pop, son histoire de la musique de jazz et sa liste chronologique de chefs-d'œuvre classiques.
Ce faisant, j'ai pu entendre l'arbre musical grandir et s'élargir lorsque chaque branche se séparait de sa branche d'origine. En écoutant tous ces styles et albums dans l'ordre chronologique, j'ai entendu l'histoire de la musique moderne. Je pouvais entendre la façon dont le country et le blues fusionnaient dans le boogie, et comment le boogie commençait à balancer plus fort jusqu'à ce qu'on l'appelle rock'n roll. J'ai pu entendre comment la musique rock a explosé dans mille directions différentes dans les années 1960. J'ai pu entendre comment les expériences électroniques de Karlheinz Stockhausen et Morton Subotnick ont inspiré Tangerine Dream et Kraftwerk, qui à leur tour ont inspiré à la fois les créateurs de bruit abstrait et la dance pop.
Et à partir de là, chaque fois que j'entendais un nouvel album, je pouvais entendre où il se situait dans l'histoire de la musique. Je pouvais dire quelles étaient ses influences et si il avait inventé un tout nouveau genre de musique. Connaître l'histoire de la musique (plutôt que l'histoire de l'industrie de la musique et de ses musiciens) rendait beaucoup d'artistes populaires banals, mais beaucoup d'autres devenaient bien plus intéressants.
Ces connexions musicales m'ont rappelé les connexions historiques examinées dans la série BBC Connections, animée par l'historien des sciences James Burke. Dans cette série, Burke a montré comment différentes personnes dans différents endroits résolvant différents problèmes ont fait différentes innovations qui se sont combibées pour nous donner la technologie que nous utilisons tous les jours. Par exemple, le métier à tisser produit du lin qui rend le papier si bon marché qu'il stimule le développement de l'impression de livres qui donnent des informations à ceux qui s'intéressent aux systèmes automatisés dont les cylindres chevillés qui ont donné aux tisserands de soie français l'occasion de faire fonctionner leurs métiers à tisser avec des cartes perforées qu'Herman Hollerith utilisait pour compter les gens pour un recensement plus rapide qu'auparavant, ce qui a inspiré la conception des premiers ordinateurs.
Je pense que le même genre de chose se produit en musique. Par exemple, les harmonies barbershop inventées par les premières stars de la pop The Mills Brothers («Goodbye Blues») ont été héritées (avec bien d'autres choses) par The Bee Gees, dont la musique disco et le chant falsetto aigu («Stayin’ Alive ») ont inspiré la musique pop cérébrale de Supertramp ("The Logical Song "), qui a été transformée en une sorte d'électro-bossanova par Deerhoof ("Desaparecere ").
Qu'est-ce que tout cela a à voir avec la façon dont je suis tombé amoureux de la musique classique moderne? Contrairement au magazine Rolling Stone ou à Pitchfork, le site de musique de Scaruffi ne s’arrête pas à la musique rock, mais couvre également le jazz et le classique. Ainsi, j'ai découvert un trésor de musique classique moderne qui était (dans de nombreux cas) à la fois plus accessible et plus excitant que, disons, des artistes rock avant-gardistes populaires comme Burial ("U Hurt Me ") ou Earth ("Teeth of Lions Rule the Divine "). Et plus je découvrais, plus j'écoutais et plus je tombais sous le charme.
Alors qu'est-ce que la musique classique moderne? |
Il y a beaucoup de musique classique [moderne] passionnante. Le problème est qu'elle n'atteint pas son public potentiel.
Compositeur Gabriel Prokofiev
Les mots sont limités. La meilleure façon d’aborder la musique classique moderne est de l'écouter. Notez que vous êtes bizarre si vous aimez toutes les pièces ci-dessous. Mon objectif n'est pas d'aider mes lecteurs à apprécier tous les genres de musique classique moderne. Mais j'espère que mes lecteurs découvriront quelques types de classiques modernes qu'ils apprécieront.
Je vais commencer par un large aperçu de la musique classique moderne (MCM) :
John
Adams, Short
Ride in a Fast Machine
James
Horner, Becoming
one of The People, becoming one with Neytiri
(2009,
musique de film néoromantique)
David
Lang, Cheating,
Lying, Stealing
(1993, classique alternative)
Nico
Muhly, Mothertongue,
Part 1: Archive
(2008,
classique
alternative)
Frédéric
Rzewski, The
People United Will Never Be Defeated!
(1975,
chanson folklorique adaptée)
Osvaldo
Golijov, La
Pasión según San Marcos
(2000,
fusion mondiale)
Emily
Howell (programme informatique), From
Darkness, Light III: Prelude
(2010,
musique composée par ordinateur)
Arvo
Pärt, Fratres
(1989 version)
(1989,
minimalisme sacré)
Tristan
Murail, Gondwana
(1980, musique spectrale)
Brian
Ferneyhough, Etudes
Transcendantes
(1985, nouvelle complexité)
La musique classique moderne est une musique qui se rattache en priorité aux compositeurs classiques du XXe siècle (par exemple Schoenberg, Webern, Messiaen, Stravinsky, Stockhausen, Shostakovich, Cage et Bartók) plutôt qu'aux musiciens de la pop, du rock, du jazz ou de la musique folklorique.
Alors pourquoi la MCM est-elle si impopulaire ? |
Une hypothèse courante est que la musique classique moderne est impopulaire car elle est souvent atonale, bruyante, abstraite et expérimentale (par exemple Stockhausen, «Cosmic Pulses
»).Mais attendez maintenant. Beaucoup de gens écoutent une musique rock qui est beaucoup plus «difficile» et avant-gardiste que, disons, le compositeur classique moderne Philip Glass («Metamorphosis 3 »): pensez à Burial («U Hurt Me »), The Boredoms («Circle »), Boris («Naki Kyoku »), Sigur Rós («Svefn g Englar »), Acid Mothers Temple («Blue Velvet Blue ») et Fiery Furnaces («Blueberry Boat »).
En outre, de nombreuses variantes du rock et du classique moderne ne se distinguent pas stylistiquement. Vous ne me croyez pas? Jouons à un jeu. Juste en écoutant, essayez de deviner laquelle des pistes ci-dessous est étiquetée comme une variante de la musique «rock», et laquelle est étiquetée comme une variante de la musique «classique moderne». Notez vos réponses afin de pouvoir les vérifier plus tard.
Todd
Reynolds, Killer
(2011)
Efterklang,
Hands
Playing Butterfly
(2007)
John
Zorn, The
Sicilian Clan
(1990)
Vibracathedral
Orchestra, Magnetic
Burn
Max
Richter, Shadow
Journal
(2004)
Popol
Vuh, Kyrie
(1972)
Glenn
Branca, The
Spectacular Commodity
(1981)
Elegi,
Skrugard
(2009)
Corey
Dargel, On
This Date Every Year
(2015)
Klaus
Schulze, Ebene
(1972)
Avez-vous écouté au moins 30 secondes de chacun des morceaux et noté si vous pensiez qu'ils étaient classés comme «classique moderne» ou «rock»? Si oui, alors voici les réponses dans rot13: Gur bqq ahzorerq genpxf ner hfhnyyl ynoryrq «zbqrea pynffvpny», juvyr gur rira ahzorerq genpxf ner hfhnyyl ynoryrq «ebpx».
Je parie que vous n'avez pas fait beaucoup mieux que le hasard, à moins que vous ne connaissiez déjà certains artistes ou que certains mots sur les pages YouTube ne vous aient guidé.
Donc, si ce n'est pas le cas que le classique moderne est plus difficile ou "bizarre" que de nombreuses variantes populaires de la musique rock, alors pourquoi la musique classique moderne est-elle si impopulaire? Je soupçonne qu'il y a plusieurs facteurs en jeu:
Les revues musicales comme Rolling Stone, Pitchfork et d'autres couvrent régulièrement le travail d'artistes rock comme Burial et Sigur Rós, mais pas celui de compositeurs classiques modernes, pas même les plus populaires comme Arvo Pärt et Philip Glass.
Assister à des spectacles de musique classique moderne est cher et difficile . La plupart des orchestres et des ensembles de chambre donnent des redites sans fin de Mozart et Beethoven, pas de la musique classique moderne.
Si vous voulez explorer la musique classique moderne, il n'y a pas beaucoup de bons guides. Sans un bon guide dans une jungle comportant tant de musique «difficile», vous finirez par écouter des trucs que vous détestez et abandonnerez rapidement.
Si j'ai raison, et que ce sont bien les raisons pour lesquelles les gens écoutent Earth and Burial mais pas Arvo Pärt, alors le problème du manque d'audience de la musique classique moderne peut être résolu, en grande partie en publiant des guides utiles sur cette musique. Comme celui-ci. (Je n'évoquerai pas la question des concerts rares et onéreux : elle semble plus difficile à résoudre.)
Partitions de films |
Je vais commencer mes recommandations par une liste de musiques de films appartenant à la musique classique moderne (MCM) . Même si vous avez entendu très peu de MCM, vous en avez au moins entendu dans de nombreuses musiques de films, et cette familiarité sonore devrait vous rendre les musiques de films plus accessibles que la plupart des autres types de MCM. Bien sûr, la «musique de film» n'est pas un genre de composition, c'est un format. Mais parce que les musiques de films sont généralement composées dans l'esprit d'être facilement accessibles, elles ont tendance à s'en tenir aux styles de MCM qui sont les plus accessibles à tous.
Ennio
Morricone, The
Ecstasy of Gold
(1966,
extrait de The
Good, the Bad, and the Ugly)
Yann
Tiersen, Comptine
d’un autre été
(2001, extrait de Amelie)
Hans
Zimmer, Mombassa
(2010, extrait de Inception)
James
Horner, Becoming
One Of The People, Becoming One With Neytiri
(2009,
extrait de Avatar)
Craig
Armstrong, Hanging,
Escape
(1999, extrait de Plunkett
& Macleane)
Clint Mansell, Requiem for a Tower (2002, extrait de Requiem for a Dream, rearrangé ici par Simone Benyacar, Daniel Nielsen, et Veigar Margeirsson in 2002 pour la bande-annonce de The Two Towers)
John
Williams, Duel
of the Fates
(1999, extrait de The
Phantom Menace)
Peter
Gabriel, With
This Love
(1988,
extrait de The
Last Temptation of Christ)
Vangelis,
Conquest
of Paradise
(1992,
extrait de 1942:
Conquest of Paradise)
Daft
Punk, Outlands
(2010, extrait de TRON:
Legacy)
John
Murphy, Sunshine
(Adagio in D Minor) (2007,
extrait de Sunshine)
Howard
Shore, The
Bridge of Khazad Dum
(2001, extrait de The
Fellowship of the Ring)
Michael
Nyman, Memorial
(1989, extrait de The
Cook, the Thief, His Wife & Her Lover)
Nina
Rota, The
Godfather Waltz
(1972, extrait de The
Godfather)
David
Shire, The
Conversation Main Theme
(1974,
extrait de The
Conversation)
Thomas
Newman, Whisper
of a Thrill (1998,
extrait de Meet
Joe Black)
James
Horner, Sharptooth
and the Earthquake
(1988,
extrait de The
Land Before Time)
Jan
Kaczmarek, Impossible
Opening
(2004,
extrait de Finding
Neverland)
Danny
Elfman, Spiderman
Theme
(2002, extrait de Spider-Man)
Philip
Glass, Raising
the Sail
(1998, extrait de The
Truman Show)
Lignes brouillées |
De nombreux compositeurs classiques ont largement emprunté à d'autres traditions musicales, notamment le folk, la pop et (plus tard) le jazz et le rock. Mais dans la seconde moitié du 20e siècle, de nombreux compositeurs ont brouillé les frontières entre ces mondes musicaux si profondément qu'il était impossible de dire si une composition particulière devait être classée comme MCM, jazz ou rock. Baissant les bras, les magazines et les chroniques musicales classent souvent ces œuvres non pas en fonction du contenu de la musique, mais en fonction du label qui les a publiées ou du type de lieu dans lequel elles ont été jouées.
Prenons, par exemple, la suite King Kong suite
de l'album Uncle Meat de Frank Zappa. Est-ce du jazz? Est-ce MCM? Ce n'est certainement pas du style rock, mais il apparaît sur un album de rock expérimental, donc il est généralement considéré comme appartenant au monde de la musique rock. Ou pensez à la «Music for Electric Violin and Low Budget Orchestra » de Zappa. Elle est probablement mieux décrite comme une composition MCM influencée par le rock et le jazz, mais elle est étiquetée jazz parce qu'elle a d'abord été publiée sur un album de morceaux de Zappa interprété par le violoniste de jazz Jean-Luc Ponty. Lorsque Zappa a révisé le morceau et l'a enregistré lui-même comme «Revised Music for Guitar & Low Budget Orchestra », il a été classé comme rock parce qu'il est sorti dans un album de rock.Qu'en est-il de Penelope de Sarah Kirkland Snider? Dans le style, c'est clairement un album art-rock, et pourtant il est généralement classé dans la catégorie «classique», car il a été publié par un label classique, écrit par un compositeur formé à la Yale School of Music et joué avec un orchestre.
Vous trouverez ci-dessous un échantillon de pièces qui à mon avis sont des compositions MCM, mais qui brouillant vraiment les lignes avec le rock et/ou le jazz pourraient être plus largement accessibles que la plupart des pièces MCM.
Frank
Zappa, King
Kong (1969,
from Uncle
Meat)
[jazzy]
Gunther
Schuller, Transformation
(1956)
[jazzy]
David
Lang, Cheating,
Lying, Stealing
(1993)
[rocky?]
Glenn
Branca, The
Ascension (1981)
[rocky]
Missy
Mazzoli, Cathedral
City (2010)
[rocky?]
Gabriel
Prokofiev, Concerto
for Turntables and Orchestra (2006)
[mixte]
Todd
Reynolds, Outerborough (2011)
[rocky]
Wynton
Marsalis, Blood
on the Fields (1995)
[jazzy]
John
Zorn, Spillane (1987)
[mixte]
Jon
Hassell, Dream
Theory in Malaya (1981)
[new age]
Mason
Bates, Stereo
is King (2011)
[electronique]
Christopher
Rouse, The
Nevill Feast (2003)
[rocky]
Andrew
Lloyd Webber, Hosanna
(1985,
from Requiem)
[rocky]
Eyvind
Kang, Virginal
Co Ordinates (2004)
[rocky]
Venetian
Snares, My
Downfall (2007)
[electronique]
Johnny
Greenwood, Part
2 B
(2005,
from Popcorn
Superhet Receiver)
[rocky]
Derek
Charke, Tundra
Songs (2007)
[rocky]
Une
autre stratégie pour les compositeurs de formation classique à
la recherche d'un large public consiste à composer des pièces
qui contiennent un minimum d'idées musicales, et dépendent
donc fortement de la répétition de quelques phrases
musicales, tout comme la plupart des formes de musique pop et rock.
Ce style «minimaliste» a ensuite été
enrichi par d'autres styles relativement accessibles, comme le
romantisme. Ce minimalisme enrichi est appelé
«postminimalisme», bien que parfois le terme minimalisme
reste utilisé pour les deux genres.
Voici
un échantillon, cette fois présenté par ordre
chronologique:
Minimalisme et postminimalisme
(1964)Terry
Riley, In
C
Steve
Reich, Music
for 18 Musicians (1976)
Wim
Mertens, Struggle
for Pleasure
(1983)
Philip
Glass, String
Quartet No. 3 (1985)
Michael
Nyman, Water
Dances (1985)
John
Adams, Short
Ride in a Fast Machine (1986)
Max
Richter, The
Blue Notebooks (2004)
Philip
Glass, Symphony
No. 9 (2011)
Si vous aimez les pièces minimalistes et post-minimalistes, elles sont relativement faciles à trouver: essayez simplement d'autres pièces et albums des compositeurs ci-dessus.
Modernisme accessible |
D'autres compositeurs ont recherché l'accessibilité à travers plusieurs approches différentes. Une approche consiste à eadopter une grande parttdu caractère tonal et de la simplicité du minimalisme, mais en utilisant plus de mouvement et de développement, et moins de répétition:
Gavin
Bryars, The
Sinking of the Titanic (1975)
Arvo
Pärt, Fratres
(1989 version) (1989)
Henryk
Gorecki, Symphony
No. 3 (1977)
John
Tavener, Funeral
Canticle (1999)
Daniel
Lentz, Apologetica (1995)
Une autre approche consiste à s'en tenir, en gros, à des styles néoclassiques ou néoromantiques :
Eric
Whitacre, Equus (2011)
Zbigniew
Preisner, Lacrimosa
— Day of Tears
(1998,
from Requiem
for My Friend)
Ola
Gjeilo, Dark
Night / Luminous Night (2013)
Constance
Demby, Novus
Magnificat (1986)
[get the original, not the “alternate version”]
Robert
W. Smith, Symphony
No. 1 (1996)
George
Rochberg, String
Quartet No. 5 (1978)
Krzysztof
Penderecki, Violin
Concerto No. 1 (1977)
Michael
Daugherty, Metropolis
Symphony (1993)
Une troisième approche consiste à utiliser des idées modernistes tout en gardant les choses relativement tonales et un développement des idées musicales assez simple :
Richard
Reed Parry, Music
for Heart and Breath
Joan
Tower, Made
in America (2004)
Osvaldo
Golijov, The
Dreams and Prayers of Isaac the Blind (1994)
David
Lang, The
Little Match Girl Passion (2008)
Jennifer
Higdon, Blue
Cathedral (2000)
Ellen
Taaffe Zwilich, Symphony
No. 1 (1982)
Dans
une certaine mesure, la plupart des morceaux des sections ci-dessus
sont en fait de la musique «marginale» dans MCM. Les
descendants les plus directs des géants de la première
moitié du XXe siècle (Stravinsky, Schoenberg, Cage,
etc.) sont des compositeurs comme Pierre Boulez, Elliot Carter et
Karlheinz Stockhausen, et leur musique n'est pas du tout accessible à
la plupart des auditeurs. History
of Western Music
Le modernisme pas si accessible et l'avant-garde
Les exigences imposées aux interprètes par des compositeurs comme Berio et Carter [et] Babbitt, Stockhausen et Boulez égalaient celles demandées auditeurs. Chaque pièce était difficile à comprendre en elle même : elle utilisait un langage musical nouveau encore plus éloigné des bases du répertoire de concert que la musique moderniste antérieure. Pour les auditeurs, la difficulté était que chaque compositeur et souvent chaque morceau utilisait une approche unique, de sorte que même après avoir appris à connaître une de ces œuvres, découvrir la suivante
Ça a l'air amusant, non?
Pour avoir une idée de ce à quoi cela ressemble, écoutez Gesang der Jünglinge (1956) de Stockhausen, largement considéré comme l'un des morceaux les plus importants de MCM.
À ce stade, vous vous demandez peut-être ce que sont ces inepties et comment on peut les écouter?!
Mais il est également important de se rappeler que les non-compositeurs ne devraient peut-être pas pouvoir apprécier une telle musique, tout comme les non-mathématiciens ne peuvent pas apprécier le programme Langlands. Voici ce qu’écrit Babbitt en 1958:
Pourquoi le profane devrait-il être autrement qu’ennuyé et perplexe devant ce qu'il est incapable de comprendre, la musique ou autre chose? Ce n'est que la traduction de cet ennui et de cette perplexité dans les ressentiments et dans la dénonciation qui me semble indéfendable. Après tout, le public a sa propre musique, sa musique omniprésente: une musique qui l'accompagne quand il mange, lit, danse et qui lui plait. Pourquoi refuser de reconnaître la possibilité que la musique contemporaine ait atteint un stade atteint depuis longtemps par d'autres formes d'activité? Le temps est révolu où l'homme normalement bien éduqué sans préparation spéciale pouvait comprendre le travail le plus avancé, par exemple en mathématiques, en philosophie et en physique. La musique avancée, dans la mesure où elle reflète la connaissance et l'originalité du compositeur averti, ne peut guère paraître plus intelligible que ces arts et sciences à la personne dont l'éducation musicale a généralement été encore moins étendue que ses antécédents dans d'autres domaines …
Je ne suis pas un expert en théorie musicale. Je suis juste un fan qui aime écouter de la musique. Donc ça ne me dérange pas de ne pas comprendre la plupart de ce qui se passe dans Gesang der Jünglinge. Cela ne me dérange pas non plus de ne pas aimer l'écouter.
Franchement, je ne vais pas passer du temps à devenir un expert en théorie musicale, et (probablement) vous non plus. Alors, comment le profane peut-il trouver des morceaux qu'il aime dans les parties les moins accessibles du canon MCM, et cela en vaut-il la peine?
Je vous laisse décider si cela en vaut la peine. Mais je vais au moins essayer de réduire l'effort requis, en fournissant des listes de lecture pour certains types de musique moderniste et avant-gardiste que vous pourriez apprécier.
Ma stratégie ci-dessous est de faire quelques regroupements que les non-experts sont susceptibles d'apprécier quelque peu (peut-être après quelques écoutes), sans que ces morceaux ne soient rattachés à l'un des styles décrits ci-dessus: tonalisme approfondi, minimalisme, néoclassicisme, néoromantisme, lignes de genre fortement brouillées, etc.
De
nombreux lecteurs auront déjà entendu et apprécié
la musique d'ambiance, que ce soit sur des partitions de films
d'albums d'ambiance issus de la tradition rock, par ex. Brian Eno. Si
c'est le cas, vous pouvez également profiter de la musique
quasi d’ambiance (mais pas particulièrement minimaliste)
des compositeurs MCM:
Tentative
1: musique quasi d’ambiance
(1961), Lux
Aeterna (1956),
and the Kyrie
(1965, from Requiem)György
Ligeti, Atmosphères
Pauline
Oliveros, Deep
Listening (1989)
Éliane
Radigue, Trilogie
de la Mort (2009)
Klaus
Schulze, “Ebene”
from Irrlicht (1971)
De
nombreux lecteurs auront apprécié les longs solos de
batterie de la musique rock, enregistrée ou lors de concerts
en direct, et certaines compositions axées sur les percussions
MCM peuvent sonner suffisamment comme des solos de batterie pour
qu'on les apprécie. Voici quelques exemples (qui ne sont pas
(aussi par exemple) minimalistes):Tentative
2: solos de batterie
Christopher
Rouse, Bonham (1988), Ogoun
Badagris (1976),
and Ku-Ka-Illmoku (1978)
John
Psathas, Matre’s
Dance (1991)
Iannis
Xenakis, Peaux
(1978,
from Pléïades)
Tentative
3: sérialisme relativement émotionnel
Une grande partie de la MCM que les gens normaux détestent est composée en utilisant une méthode appelée sérialisme, probablement le «genre» dominant de la musique classique du 20e siècle. Si vous avez déjà entendu un morceau de musique et pensé: "On dirait que le compositeur essaie juste d’entasser chaque note / rythme / dynamique / timbre différent qu’il peut dans le même morceau", alors vous avez raison! Comme l'a dit une fois un sérialiste célèbre, Milton Babbitt, «Je veux qu'un morceau de musique en ait le plus possible.» C’est une attitude qui produit des pièces comme Composition for Four Instruments (1948). Ou The Bowl and the Laser Bat (2013).
Donc, même si je ne pense pas que le sérialisme fournit une bonne heuristique de recherche pour les personnes à la recherche d’une MCM relativement accessible, je pense également qu'il serait étrange pour moi d'écrire un guide de la MCM qui ne contiendrait pas de pièces sérielles. Étant donné que je dois fournir une telle liste, je vais essayer de vous indiquer quelques-unes des pièces sérialistes relativement émouvantes / accessibles :
Alban
Berg, Violin
Concerto (1935)
Luigi
Dallapiccola, Variations
for Orchestra (1954)
George
Rochberg, Symphony
No. 2 (1956)
Il
existe également des pièces MCM que vous pourriez
apprécier en raison d'un gimmick particulier ou d'une
nouveauté. Celle dont je me souviens en ce moment est:
Gabriel
Kahane, Craigslistlieder
Tentative
4: nouveautés
(2006)
— des chansons brèves dont les paroles sont extraites
de messages réels et drôles publiés sur
un site de petites annonces.